"Si le temps est précieux, prends-le" - Baba Bear
Bon matin,
Je t’écris depuis Paris, dans un petit café du coin comme je les aime.
Peu importe où je suis, je kiffe sortir tôt, à l’aventure et à la recherche d’une petite dose de caféine pour prendre un temps pour moi.
Plus qu’une tradition, c’est un rituel.
Je fais ça depuis des années et j’y prends toujours autant de plaisir.
Je m’installe pour lire, écrire et observer.
Un temps pour moi.
Ensuite, je suis dispo pour le monde.
J’aime nous regarder, nous les humains.
Je Nous aime.
Vraiment.
Car même si 'les gens' peuvent être parfois enquiquinants, au final
c’est grâce à l’autre que j’existe.
Donc grâce à toi par extension.
Et puis, entre nous, y’a quelque chose de tellement fascinant dans l’autre.
Je me reconnais, je me construis, et je m’apprends.
Merci vous.
I love humans
Les Cafés c’est comme un tas de compost pour moi, y’a tout un écosystème à disséquer.
Donc là, en ce dimanche matin, le cocktail sociologique est délicieux.
Y’a un géant noir vêtu de vert en hiver qui fait une courte pause avant de reprendre son chariot et ramasser les papiers qu’on laisse trainer.
C’est un Mr Propre sénégalais employé par la ville de Paris.
Il porte un gilet jaune mais ne manifeste contre rien.
Il fait son job dans la gratitude d’en avoir un.
C'est grâce à lui que les rues sont piétonnables.
Allez, je lui paye son café!
Y’a un petit bidonnant à lunettes qui partage les informations qu’il a vu à la télé: “Il parait qu’ils ont cramé un truc à la Bastille”.
Il ponctue ses histoires par des commentaires théoriques sur l’avenir de la France et donne son opinion sur les faits divers, même si personne ne lui demande.
J’aime son accent typiquement parisien, ses expressions, ses toux roques, et ses réflexions philosophiques.
Elles valent le même prix que mon café.
Même si je ne suis pas toujours d’accord avec ses propos et ses idées, j’aime l’écouter.
C'est un bruit de fond agréable et typique à la France.
Ça me permet de travailler mon acceptation.
Je me mordille les lèvres pour ne pas rebondir et challenger son point de vue.
Je n’éprouve (presque) plus le besoin de changer l’opinion des autres.
Je travaille sur le mien et c’est grâce à ces phénomènes humains que je me questionne.
Je vais lui payer un café en secret pour le remercier de l’opportunité de me dire oui.
Y’a 2 gars qui terminent leur soirée arrosée par un café serré.
Ils sont dehors, dans le froid matinal pour fumer une ultime cigarette.
Le nez coulant et les yeux bouffis, ils ont l’air heureux ensemble.
Ils partagent la complicité de leurs conneries.
Ils parlent des meufs qu’ils ont failli péchot ce soir, des meufs qu’ils chopperont peut-être un jour et cherchent sur leur téléphone si y’a un kebab ouvert en ce dimanche matin.
Ça donne faim la chasse à la gazelle.
Je me dis quand même qu'avec des Nike Air aussi blanches, ils auraient pu au moins chopper un bon numéro.
Y’a un vieux barbu élégamment vêtu qui tourne les pages de son journal avec des gants de cuir.
Y’a quelque chose de tellement nostalgique et de familier dans le bruit que font les journaux en papier. Ça croustille.
C’est un art que de pouvoir tourner les grandes pages sur les minis tables.
J’aimerai tellement lire les journaux, hélas, y’en a pas un qui m’intéresse.
Je regarde juste les images et lis les titres.
Je rêve de publier notre propre journal hebdomadaire.
Un truc que tu lirais avec plaisir le dimanche matin. Des textes courts, des questions existentielles, des images enrichissantes… et des sudoku insolvables.
Bref, un journal que j’aimerai moi-même lire.
Si tu partages cette vision, jouons ensemble et donnons-lui naissance.
J'aspire toujours à la collaboration.
Y’a aussi 3 vieux blédards à lunettes.
Tu sais, les papis marocains aux mains tremblantes qui attendent inlassablement et en silence.
Ils attendent quoi, je l’ignore.
Ils sont là, avec leur tasse de café séchée et leurs belles rides profondes.
Ce sont des habitués.
Ils échangent de temps à autre un 'Salam Aleikum' avec les nouveaux arrivants, et laissent l’horloge tourner.
Quand ils finissent par se lever, leur os craquottent, alors qu’ils déroulent leur corps recroquevillé. Ils quittent le bar au ralenti, dans un silence ponctué par le tic toc de leur canne.
Je me demande si c’est ça ressemble à ça la vieillesse… si un jour moi aussi je n'aurai plus rien à dire.
Donc tu vois, le voyage, la poésie et l’étude anthropologique est à portée de main de tous. Pas besoin d’aller loin. Il suffit d’aller profond. C'est ça le korAkor.
Voila, c’était juste un petit récit du matin pour te partager la beauté du quotidien.
C’est possible d’oublier à quel point tout est beau.
C'est en revanche impossible de ne pas apprécier la complexité de l'existence quand on l’observe avec le coeur.
Tout est magique quand on le décide.
Je t’invite à prendre le temps de flâner, d’aller boire un café en terrasse, d’écrire des cartes postales, de lire un livre et de composer des vers juste pour le plaisir de faire claquer des rimes.
Peu importe, prends le temps de vivre des moments privilégiés avec toi-même.
C’est une médecine douce pour le coeur.
Et surtout, fais l’effort de travailler ta compersion: la capacité d’être heureux pour le bonheur des autres, et de leur souhaiter beaucoup d'amour.
Donc même si t’as envie de critiquer, fais l’exercice de changer d’angle de vue… de vie.
Laisse-le téléphone de côté un moment et autorise ton esprit à poétiser.
Ce petit café est aussi le repère des déprimés si je m’en donne la peine. J'aurai pu te raconter une autre histoire.
J’ai décidé que ce serait joli, que les humains seraient beaux car au plus profond de moi, je sais que je préfère aimer.
vive la vie
vive les Gens
Vive Nous
love love love
Baba Bear
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