J’aime entrer dans des cafés de village
Où l'équipage me dévisage
Être l’inconnu de passage
Qui entre dans l’antre de leur entre
J’aime leurs visages boursoufflés
Fatigués d’être alcoolisés
Et qui cachent dans leur café aromatisé
L’espoir que ça devrait changer
J’aime le journal qui passe entre les mains
Et parle d’un futur incertain
Qu’on imagine transformer
En tapant du point fermé
J’aime ce vieux toutou
Élevé au saindoux
Et aux morceaux de pain
Que lui glissent les copains
J’aime ces étales de poisons
Qu’on consomme à foison
En se disant qu’il faut bien mourir un jour
Mais qu’aujourd’hui... ce n’est pas leur tour
J’aime ces conversations philosophiques
Enrobées de politique néolithique
Où l’on dénonce le fric
Et les dérives de la République
Jaime ces tontons flingueurs
Qui ont tué la pudeur
De retenir leurs postillons
Et les tâches de pisse sur le pantalon
J’aime les gens tristes de bonne heure
Qui cherchent le bonheur
Dans la lueur d’un lieu chauffé
Et la bonne humeur du verre de l’amitié
Je ne suis que le voyageur de quelques heures
Le passant dont on oubliera l’odeur
Mais qui resurgira lors d’une conversation
Entre deux paris de canassons
Poétiquement vôtre...
Baba
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